vendredi, septembre 24, 2021

Jean Valjean ou la puissance de la grâce

 


Bonjour mes ami/es, ce matin j'ai trouvé ce billet de David sur son site Plumes Chrétiennes et je le partage avec vous. Bonne lecture et bonne journée bénie!

Jean Valjean ou la puissance de la grâce 

24 septembre 2021


Lire l’introduction de la série : Dieu dans les Misérables de Victor Hugo

Rappelons d’abord quelques éléments clés de l’histoire de Jean Valjean. Il a été condamné à dix-neuf ans de travaux forcés pour un vol de pain. Lorsqu’il obtient finalement sa libération, il est désœuvré et rejeté par tous. Un passeport jaune lui rappelle son passé de bagnard et Valjean se rend vite compte que sa condamnation n’est pas vraiment terminée. Lors de son arrivée à Digne, personne ne l’accueille, pas même l’aubergiste. Lui-même se porte une estime amoindrie par la brutalité de ses dix-neuf ans de bagne.


L’hôte alors se pencha à son oreille, et lui dit d’un accent qui le fit tressaillir :
— Allez-vous-en.
Le voyageur était courbé en cet instant et poussait quelques braises dans le feu avec le bout ferré de son bâton, il se retourna vivement, et, comme il ouvrait la bouche pour répliquer, l’hôte le regarda fixement et ajouta toujours à voix basse :
— Tenez, assez de paroles comme cela. Voulez-vous que je vous dise votre nom ? Vous vous appelez Jean Valjean. Maintenant voulez-vous que je vous dise qui vous êtes ? En vous voyant entrer, je me suis douté de quelque chose, j’ai envoyé à la mairie, et voici ce qu’on m’a répondu. Savez-vous lire ?
En parlant ainsi il tendait à l’étranger, tout déplié, le papier qui venait de voyager de l’auberge à la mairie et de la mairie à l’auberge. L’homme y jeta un regard. L’aubergiste reprit après un silence :
— J’ai l’habitude d’être poli avec tout le monde. Allez-vous-en.
L’homme baissa la tête, ramassa le sac qu’il avait déposé à terre, et s’en alla.
Il prit la grande rue. Il marchait devant lui au hasard, rasant de près les maisons, comme un homme humilié et triste. Il ne se retourna pas une seule fois. S’il s’était retourné, il aurait vu l’aubergiste de la Croix-de-Colbas sur le seuil de sa porte, entouré de tous les voyageurs de son auberge et de tous les passants de la rue, parlant vivement et le désignant du doigt, et, aux regards de défiance et d’effroi du groupe, il aurait deviné qu’avant peu son arrivée serait l’événement de toute la ville.
Il ne vit rien de tout cela. Les gens accablés ne regardent pas derrière eux. Ils ne savent que trop que le mauvais sort les suit.
Les Misérables/Tome 1/Livre 2

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