jeudi, décembre 17, 2009

Docteur, vous verrai-je au ciel ? (I)

— « Je le répète : je ne crois pas à toute votre religion ; j’en ai été saturé dans ma jeunesse, quand on m’obligeait à me rendre à l’église deux fois, tous les dimanches. Jamais je n’ai rencontré une seule personne, parmi celles qui se disent « religieuses », qui fût persuadée de ce qu’elle professait ; tout cela n’est que bêtise et non-sens. Quand vous me donnerez une preuve tangible de la réalité de ces choses, je prêterai une attention respectueuse à votre enseignement, mais, en attendant, vous ne parviendrez pas à me faire croire à ce qui est déraisonnable.

Le docteur s’éloigna, persuadé d’avoir triomphé de l’homme qui avait tenté de tourner les regards du praticien sceptique et incrédule vers les réalités éternelles.
Poussant un profond soupir, le malade dit à sa femme :
— J’aimerais tant que le docteur connaisse le Seigneur ! Je suis convaincu qu’il serait alors, pour Lui, un témoin aussi intrépide qu’il l’est actuellement pour le diable. J’ignore tout à fait comment on pourrait l’atteindre. Mais il se pourrait que, pour le convaincre de péché et l’amener au Sauveur, Dieu se serve d’un moyen imprévu.
En sortant de là, le docteur se rendit chez un commerçant de la ville, dont l’unique enfant se mourait d’un mal incurable. Il pénétra dans la pièce silencieuse où le père et la mère assistaient, dans une muette angoisse, aux derniers moments de leur fils bien-aimé. Le docteur n’était pas dépourvu de sentiments, bien qu’il fût un sceptique, aussi résolut-il de rester auprès des parents affligés, jusqu’à la fin. Un instant plus tard, le mourant ouvrit les yeux et, tandis qu’un doux sourire illuminait ses traits, il tendit au docteur sa main décharnée, en disant :
— Au revoir, docteur, vous verrai-je au ciel ?

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